Notre débat aura lieu le 5 mars, dans le cadre des actions prévues pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes, dans le but de montrer qu’en Grèce, en Turquie ou en Belgique, nous avons la même lutte à mener. Les viols et les féminicides font souvent la une. Il ne s’agit pas seulement de la question du viol, mais également de la façon dont il est traité par la justice et la législation.
Il y a un an, motivés par le réveil des tensions entre la Grèce et la Turquie, ainsi que par le fait qu’il n’y avait jamais eu d’initiative d’action commune, grecs et turcs de Bruxelles, nous avons créé Sokάk-ι. Notre collectif a pour but la promotion de la paix et de la coopération parmi nos deux peuples, et notre première action a été une fête, en décembre 2018, qui a eu beaucoup de succès.
La croissance du mouvement des femmes partout dans le monde, et aussi en Europe et dans les pays du Moyen-Orient, est évidente ; le rôle des femmes dans les luttes plus larges est très important. En même temps, étant conscients de la gravité du sexisme dans nos pays, nous avons décidé d’organiser un débat, justement au sujet des problèmes auxquels font face les femmes, ainsi que leurs luttes en Grèce et en Turquie.
Les viols et les féminicides font souvent la une dans les deux pays. Même si l’on peut avoir l’impression que la situation en Turquie est plus dure, la fréquence de tels incidents en Grèce ne laisse pas d’espace aux illusions. Il ne s’agit pas seulement de la question du viol, mais également de la façon dont il est traité par la justice et la législation. L’exemple le plus récent est le procès du viol d’Eleni Topaloudi : cette femme a été brutalement violée et assassinée l’année dernière sur l’île de Rhodes. Le procès a commencé il y a quelques semaines et les avocats des accusés ont demandé l’exclusion des femmes du corps du jury, ce que la cour a accepté. Et ce n’est pas seulement les féminicides, mais aussi le fait qu’une grande partie des médias et de la société refuse d’accepter le fait qu’il y a des femmes assassinées, justement parce qu’elles sont des femmes, et que certains les considèrent comme leur propriété. Ainsi, les médias masquent la vérité avec l’emballage du « crime passionnel » ou du « meurtre par amour ».
En Turquie, des femmes ont été arrêtées récemment pour avoir essayé de réaliser la performance de la fameuse chanson chilienne de Las Tesis « Un violeur sur ton chemin ». Quelques semaines plus tard, on a pu lire dans la presse que le législateur turc propose que le crime du viol d’une mineure soit radié dans le cas où l’auteur accepte de se marier avec la victime. Comme si, pour certaines filles, ce n’est pas suffisant de se faire violer une fois : il faut qu’elles subissent cette atrocité tous les jours, avec l’approbation de la loi.
Mais en même temps, nous avons vu un grand nombre de manifestants dans les rues des villes grecques et turques le 25 novembre, manifestant contre les violences faites aux femmes. Nous avons aussi vu des députées turques réaliser la performance de la chanson chilienne dans le parlement, pendant que leurs collègues masculins tenaient des pancartes avec les noms des femmes assassinées. On voit des réactions importantes, immédiates et efficaces contre la tentative de remettre en question le droit à l’avortement en Grèce, un droit acquis et reconnu légalement depuis 1986.
En Belgique aussi, l’austérité et le chômage, qui augmentent de plus en plus, frappent surtout et avant tous les femmes. Les femmes ont davantage de mal à trouver un travail, tandis que les coupes budgétaires dans la santé, l’éducation et l’État-providence, rendent très dure la vie surtout des femmes, qui sont souvent les chefs des familles monoparentales et sont souvent moins bien rémunérées que les hommes.
En Belgique, comme en Grèce et en Turquie, les femmes hésitent souvent à se séparer d’un partenaire violent et, ce, pour des raisons financières. Le nombre de féminicides est élevé, tout comme le nombre de publicités sexistes.
En Belgique également, le 8 mars et le 24 novembre derniers, les rues des Bruxelles se sont remplies de gens qui se battent contre les violences faites aux femmes et exigent le renforcement des structures qui soutiennent les femmes et les mères. Avec la Campagne ROSA (Résitance contre l’Oppression, le Sexisme et l’Austérité), nous voulons intervenir dans ce mouvement, le renforcer et y amener notre programme socialiste féministe.
Notre débat aura lieu le 5 mars, dans le cadre des actions prévues pour la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes (manifestation le 8 mars et grève le 9 mars), dans le but d’informer sur ce qui se passe dans les deux pays, et de montrer qu’en Grèce, en Turquie ou en Belgique, nous avons la même lutte à mener.
Jeudi 5 mars 2020 de 19:00 à 21:00
Pianofabriek Cultureel Centrum (Salle Casablanca 2), Rue du Fort 35, 1060 Saint-Gilles