Le collectif des migrants Grec.ques solidaires de Belgique a organisé ce samedi 11 juin, un événement accueillant des représentants de l’initiative commune des grecs, turcs et chypriotes contre l’exploitation minière et la guerre Kazma Birak. L’événement était soutenu par ZinTV et le CADTM et s’est tenu dans l’espace accueillant du CBO, où des collectifs et des organisations militantes sont basées. La soirée a fait suite à un événement similaire organisé à Athènes un mois plus tôt. Une trentaine de personnes ont assisté à la discussion.
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En ouvrant la discussion au nom des organisateurs, Marina Kontara a évoqué les raisons pour lesquelles le groupe considérait qu’il était important d’organiser un tel événement en ce moment à Bruxelles. En effet, à une époque dominée par la guerre en Ukraine, la crise énergétique, la hausse des prix de tous les produits vitaux, mais aussi une forte instabilité dans les relations gréco-turques, il est très judicieux de présenter l’action et les idées d’une campagne qui unit les Grecs, les Turcs et les Chypriotes dans la lutte contre la destruction de l’environnement et la guerre. Surtout en Belgique, où se trouve une importante communauté grecque et turque.
Ecehan Balta de Turquie n’a malheureusement pas réussi à obtenir un visa à temps pour voyager et a donc envoyé son discours en vidéo. Elle a évoqué l’histoire de la création de la campagne et l’importance symbolique du fait que la déclaration fondatrice de la campagne a été publiée à l’occasion de l’anniversaire de la crise de Kardak. Elle a parlé des questions et des mouvements environnementaux en Turquie, mais aussi de la manière dont les actions de la campagne ont contribué à faire progresser le mouvement, mais aussi à informer la société turque sur des questions concernant principalement la région de Chypre. Elle a souligné que la seule réponse aux délires belliqueux de dirigeants comme Erdogan est l’action unie et la solidarité des peuples de la région. La question de l’énergie est très importante, mais nous ne pouvons pas attendre des multinationales qu’elles la résolvent dans l’intérêt des peuples, alors que nous savons que les politiciens bourgeois n’hésiteront pas à provoquer un incident chaud ou un conflit militaire afin de défendre les intérêts du grand capital.
Ensuite, Manolis Savvakis de Grèce, a parlé de la façon dont l'”inimitié héréditaire” entre les Grecs et les Turcs est cultivée, alors qu’en fait, de nombreux éléments les unissent. Il a évoqué les grands risques environnementaux, géopolitiques et socio-économiques que comporte le projet de pipeline EastMed. Bien qu’à ce stade le projet ait été temporairement gelé, nous ne pouvons absolument pas être sûrs qu’il ne sera pas repris. Il a également souligné la grande contribution de la campagne à l’amélioration de la communication et des échanges entre les mouvements et les acteurs des trois pays.
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Dans la discussion qui a suivi, diverses questions ont été posées sur les caractéristiques et les perspectives de la campagne “Kazma Birak”. Un échange intéressant a également eu lieu sur la question de l’énergie et les risques de guerre/d’incident dans la région, les conséquences de la guerre en Ukraine et les perspectives en vue des prochaines élections turques. La question des sources d’énergie renouvelables et les perspectives des mouvements ont occupé une grande partie de la discussion.
À la fin de l’événement, les organisateurs ont résumé les conclusions de la discussion, en citant que le problème des ressources énergétiques est très grave et que la réponse ne peut être trouvée dans la sous-estimation des réalisations technologiques ou dans la simple réduction de la quantité d’énergie utilisée par les consommateurs. Après tout, cela ne représente qu’un très faible pourcentage de la quantité totale d’énergie consommée au niveau mondial. Le débat a mis en évidence que le noyau du problème réside dans la question de qui possède et gère l’énergie et au profit de qui. Il est nécessaire que les peuples soient solidaires les uns des autres et travaillent ensemble pour qu’ils puissent prendre le contrôle de la production et de la gestion de l’énergie au profit de la majorité. De toute façon, comme le montre clairement la situation en Ukraine, les gens ordinaires n’ont rien à gagner de la guerre et des rivalités géopolitiques.
Le sentiment commun à la fin de la discussion était qu’il s’agissait d’un très bon début de communication entre les mouvements et les militants de la Méditerranée orientale et de la Belgique et ils ont tous affirmé l’intention claire d’avoir plus d’actions et d’échanges communs.